C’est en arrivant en Provence à la fin des années quatre-vingt, que j’ai commencé à dessiner. J’ai très vite rejoint les cours du soir des beaux-arts d’Aix en Provence en modèle vivant, mais aussi en forge ! Touche à tout, mon apprentissage pictural associatif est allé de plus en plus dans la matière, crayon, fusain, encre, aquarelle, huile et acrylique… Je travaillais avec les ocres de Roussillon et les pigments, mêlant sable ou lichen à mes tableaux… Alors, à force de volume, la sculpture m’est venue naturellement ! 

A présent, entre Durance et Luberon, j’aime travailler de mes mains la terre, parfois douce parfois rugueuse. Mon appétence pour la technique me porte également vers le fer et le cuivre et j’aime toujours mêler des lichens à certaines sculptures. J’affectionne particulièrement le grès pour ses différentes chamottes et l’associe au métal pour un contraste chaud/froid, reflet d’une rencontre entre douceur et détermination. Je pratique une technique intemporelle, façonnant la terre en présence d’un modèle qui pose plusieurs heures, selon une idée qui a longuement été réfléchie ou au contraire selon l’inspiration née sur le vif. Ce temps passé avec le modèle m’est non seulement nécessaire en tant que réalité anatomique sur laquelle s’appuyer pour comprendre le mouvement saisi sur l’instant, mais il apporte un supplément d’âme né du partage artistique. 

Résolument attachée aux problèmes de notre société actuelle, de ses souffrances humaines et environnementales, sculpter me permet de donner vie à une histoire chaque fois différente.    Si la mythologie et l’antiquité ne sont jamais loin de mes créations, cela peut être aussi le simple partage d’une sensualité. Une nouvelle idée de sculpture reste souvent longtemps dans mon esprit, et c’est l’occasion de lire ou relire des textes afin de trouver les détails qui donneront une force particulière au sujet. En exposition, j’accompagne les œuvres d’un court texte qui parfois conte l’histoire du personnage, mais souvent appelle à la réflexion par une lecture réactualisée du mythe. Depuis 2019 certaines de mes sculptures renaissent sous forme de bronze avec la technique de la cire perdue. A partir de ma sculpture de grès, je réalise le moule en élastomère et résine pour d’obtenir un exemplaire en cire qui sera à son tour moulé en plâtre réfractaire. Je travaille avec un fondeur de Vallauris qui réalise la coulée du bronze, prenant la place de la cire … perdue ! La patine aux oxydes, à chaud sous la flamme, vient finir la pièce.

Adaptées à une installation en extérieur, je réalise également sur commande des sculptures grandeur nature.